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Muse - Will of The People

4 ans après leur dernier opus Simulation Théorie, Muse nous gratifie de leur 09ème album studio en cette fin d’été 2022, dont le message principal s’inscrit clairement dans l’actualité plus que jamais trouble et brulante que le monde traverse depuis ces dernières années, en contrepied aux sonorités générales de l’album qui lorgnent aussi bien vers ces temps (que les moins de 20…) où les synthés avaient pignon sur rue dans bon nombre de productions musicales que vers la scène métal actuelle.

Will of The People

L’album s’ouvre sur le titre éponyme, 3ème single s’il en est, arrivé aux oreilles du plus grand nombre en Juin 2022.

La thématique ici développée est claire : le désir du peuple à se libérer de son oppression, à renverser les pouvoirs en présence. Un thème qui servira de fil rouge à cet album.

Avec ce titre, on est en terrain conquis. Les sonorités et les mélodies sont purement “Musesque”. Les guitares sont doublées (voire plus) à l’octave, remplissant parfaitement la scène musicale, là où les synthés se font discrets pour ajouter du relief à la production.

Le rythme est soutenu, la batterie se fait droite et saccadée sur les couplets, plus groovy (merci les toms) sur les refrains, on est dans l’efficacité.

Comme toujours chez Muse, la basse est prépondérante, le jeu et le son de ‎Chris Wolstenholme est central dans l’ambiance que dégage ce titre.

Le titre parfait pour débuter un nouvel opus, sans bousculer les fans et s’en créer de nouveaux.

Compliance

On enchaine avec le second single, sorti en mars 2022, et ce titre est en quelque sorte le contrepoids du premier morceau de l’album, à tous les niveaux.

Premièrement au niveau des arrangements. Compliance est en effet un morceau façon “electro” des années 80. Du synthé à tous les niveaux, aucune guitare ici (où alors vraiment bien cachée). La voix est également souvent soulignée par des nappes vocales bien présentes.

Une nouvelle fois (et avouons-le, comme très souvent chez Muse), la ligne de basse participe grandement à la mélodie et à l’ambiance du morceau malgré ces synthés très présents mais relativement simplistes dans la mélodie.

Je ne peux m’empêcher de penser que le groupe s’est déliberemment inspiré du générique de K2000 (oui oui, la série des années 80, avec Kit et Mickael Knight / Mitch Buchanon). Ecoutez à 2 min et 22 secondes, c’est K2000 non ?

Au niveau des textes, le titre se place ici du côté de l’oppressant, faisant l’éloge de sa doctrine et scandant à son adhésion, en opposition directe au titre qui ouvre l’album.

Personnellement l’un des titres qui me parle le moins sur cet album.

Liberation

Vient ensuite le morceau “Liberation”, que l’on peut une nouvelle fois interpréter dans le sens de la libération du peuple soumis face à une société patriarcale et autoritaire.

Musicalement, le titre est très riche, avec beaucoup de relief et de variétés, aussi bien au niveau des textures sonores que des voix, tantôt calmes, tantôt puissantes mais toujours justes, soulignant à merveille l'arc narratif du morceau.

Le 1er élément qui m’a interpellé sur ce titre est la performance de Dom Howard, qui livre une prestation parfaite, mettant parfaitement en évidence les différentes ambiances du morceau.

Ce n’est pourtant pas que la section rythmique soit plus mise en valeur sur ce morceau que sur les autres, mais c’est cela qui a attiré mon attention dès la 1ère écoute, allez savoir pourquoi.

Le titre va puiser son inspiration dans le style British pur jus, avec des accents de Queen (”Thank you” “We’ve had enough” “Regime revocation” “Forced abdication” en choeurs façon Bohemian Rapsody), puis sur une atmosphère façon Radiohead vers 2 min 08 sec, avant de retrouver une progression mélodique typique du groupe.

J’y trouve des similitudes à un morceau qui m’a toujours impressionné pour toutes ces mêmes raisons : The Globalist sur l’album Drones.

Definitivement l’un de mes morceaux coup de coeur de cet album.

Won’t Stand Down

L’album se poursuit avec Won’t Stand Down, dont les 3 premières notes rappellent instantanément le titre Take on Me de AA. Mais rassurez-vous, la ressemblance s’arrête là puisque le 1er single disponible depuis Janvier 2022 nous emmène dans un univers bien différent, celui de la résistance et de l’accomplissement face au système (on reste dans le thème).

L’intro et les couplets se parent d’une ambiance mystérieusement malsaine, où le rythme est ultra syncopé et alourdi par des coups de basses et guitares ultra saturées. La voix oscille entre voix pleine et voix de tête, contribuant largement à l’atmosphère oppressante générale.

La transition vers le refrain se fait au travers d’un riff qui ne ferait pas tâche dans une discographie de groupes de métal les plus extrêmes ! Probablement le riff le plus heavy que le groupe ait composé. L’un de ces riffs qui chatouille les cervicales et qui nous fait réaliser que nous sommes en train de headbanguer sans même sans rendre compte.

Le refrain est de l’ordre du metal prog, appuyé par des nappes de synthés soulignant par la même occasion une section rythmique  lourde et puissante.

Le pont reste dans le registre du métal, tout comme la fin du morceau qui reprend une déclinaison du riff principal, appuyé par une rythmique ultra lourde et efficace. Bellamy hurle comme jamais d’une voix abusivement (dans le bon sens du terme) saturée, Dom s’acharne sur la double pédale de sa (ses) grosse(s) caisse(s).

Bref, on a ici le pack complet du parfait morceaux métal.

Un titre définitivement singulier, mais ô combien efficace, qu’on aime le métal ou pas d’ailleurs.

Ghost (How can I move on)

Après une fin de morceau comme celle du précédent titre, il est normal de vouloir faire retomber la pression et détendre ses cervicales, et Ghost (How Can I Move On) est le titre idéal.

Un piano, une voix et une composition façon Bellamy, that’s it !

Rien d’autre pour l’intégralité du morceau. On est ainsi bien loin de la densité sonore du morceau précédent, et c’est bien entendu l’effet recherché.

Le piano se fait rapide et présent (normal me direz-vous, c’est le seul instrument), la mélodie vocale est sans nul doute du Bellamy en gamme majeure, et l’on passe d’une ambiance joyeuse à un ressentit plus sombre et plus triste.

Petit point de déception me concernant, le break n’évite pas pas les poncifs du genre, à savoir transposer la mélodie un ton plus haut pour relancer le morceau. Efficace certes, mais peu original pour un compositeur de cette trempe. J’aurai aimé être transporté ailleurs, dans une atmosphère à la fois différente mais cohérente au reste du titre.

Le piano ralenti pour la fin du morceau, l’ambiance s’obscurcie de nouveau, comme pour illustrer les ressentis d’un amour perdu, ici décliné autour de la capacité et aller de l’avant et tourner la page malgré les épreuves.

Il me semble avoir lu quelque-part que Bellamy avait composé ce titre en solo et n’osait pas le présenter au reste du groupe, qui l’a pourtant immédiatement validé pour figurer sur l’album. Et ils ont bien fait.

You Make Me Feel Like It’s Halloween

Nous voici avec le titre You Make Me Feel Like It’s Halloween, morceau à l’ambiance festivement effrayante créé à grands coups de nappes électroniques, dont les sonorités rappellent certains thèmes bien connus de BO de films / séries d’horreur, traitant aussi bien de la fascination de la peur, tout comme de l’ambiguïté des sentiments générés par une relation toxique.

Un titre efficace, bien calibré mais sans grandes surprises de mon point de vue.

Pour vous mettre dans la confidence, il s’agit du morceau de l'album qui m’a le moins inspiré pour en parler.

Attention, je ne dis pas qu’il s’agit de la piste que j’aprecie le moins sur ce nouvel opus, mais sans trop savoir pourquoi, l’inspiration à eu du mal à venir. Des harmonies à la Muse, des synthés aux accents 80’s, une section rythmique travaillée et efficace pour soutenir l’atmosphère effrayament joyeuse de ce titre.

Les grands coups de Tremolo et les quelques plans shred du solo de guitare ne sont pas sans rappeler un certain Van Halen dans un autre titre à frissons archi célèbre des années 80 (voir même le plus celebre), pour terminer vers un clin d’oeil évident à ce même titre sur la fin du morceau (oui, il s'agit bien de Thriller de MJ pour celles et ceux qui n’avaient pas trouvé).

Encore une fois, un titre efficace.

Kill Or Be Killed

On continue avec Kill Or Be Killed, 4ème et dernier single sorti un mois avant l’album dans son intégralité.

Le sujet ici abordé traite du dictat de la société / de l’armée (ou tout autre entité souveraine, à vous de voir) à être un chasseur plutôt qu’un chassé, une arme plutôt qu’une cible, au detriment de toute considération personnelle et sentimentale.

Le titre s’ouvre sur une intro à base de sirènes et d’alarmes, ce genre de douces sonorités qu’il serait possible d’entendre en cas d’attaque nucléaire, de tsunami ou autre joyeuseté malheureusement d’actualité en ces temps plus qu’incertains.

On retourne dans les inspirations métal que le groupe souhaite nous proposer dans cet album, avec un riff de guitare simple, lourd et efficace, et qui traduit l’admiration de Matt Bellamy pour un certain Tom Morello (RATM) et de sa fameuse pedale Whammy.

Le couplet est plus léger et mélodique, agrémenté de quelques break ou le riff revient briévement pour ne pas oublier que nous sommes dans un titre métal, puis vient la transition vers le refrain qui se fait à la fois lourd et mélodique, martelé par la grosse caisse de Dom Howard façon canon mitrailleur, appuyé une nouvelle fois par des nappes de synthés plus discrètes.

Le pont s’allège et s’orientalise au travers des vocalises de Bellamy, pour finir sur un riff façon Pantera (toujours dans le metal donc) ouvrant vers un solo de guitare en tapping aux accents de musique classique non sans rappeler le solo d’intro de Reapers sur Drones.

La fin du morceau mélange subtillement les melodies en intégrant habillement toutes les ambiances dévelopées tout au long du titre, tout en restant dans un dynamique metal.

Verona

On enchaine ensuite avec un voyage dans la petite ville d’Hawkins. Vous savez?  Celle dans laquelle il se passe des choses étranges.

J’imagine que le groupe doit payer des royalties aux frères Duffer pour utiliser les mêmes synthés Moog et la même mélodie que le générique de Stanger Things.

Blague à part, l’intro se fait douce et délicate, avant que n’entrent ces fameux synthés à la 54ème seconde, puis par une phrase de guitare venant souligner la mélodie joyeusement nostalgique, déclianant la thématique d’un amour interdit.

La section rythmique est bien présente dans le mix et le travail sur la batterie est remarquable (ni trop peu, ni pas assez), contribuant parfaitement à l’ambiance générale douce amer du morceau.

Euphoria

Un titre plus que jamais d’actualité sur le thème du sentiment de bonheur effacé par nos modes de vies actuels, et où chacun est à la recherche de plaisirs et d’euphorie.

Back to the Futur une fois encore, on est en plein dans les années 80. Les synthés proposent une rythmique rapide soutenant une mélodie efficace.

Le pont vers le refrain suis la même progression mélodique qu’un certain titre initulé Time is Running Out.

Le refrain semble taillé pour les stades, solo de guitare dans le pur style des années 80.

Un titre encore une fois efficace, qui ferait un très bon générique de manga japonnais (et ce n’est pas péjoratif).

We Are Fuckin Fucked

Comment être plus explicite que le titre de ce morceau qui clôture l'album, traduisant une version plus que pessimiste de ce qui attend l’humanité à l’avenir.

Malgré la force percussive de ce titre, le morceau s’ouvre sur une intro plutôt calme, malgré une batterie bien présente, avec une ligne de chant douce et temperée.

Le pré refrain arrive, on sent que les choses sérieuses vont arriver, et effectivement, même si on est loin de certaines parties heavy métal des titres précédent, Bellamy scande “We Are Fucking Fucked” sur une rythmique lourde, rapide et syncopée aux harmonies en accord avec le message.

Le break renforce l’atmosphère stressante du titre au travers de sonorités electro saturées, et d'une rythmique sacadée.

Le solo est relativement simpliste, point de grandes envolées en tapping ou autres virtuosités.

Puis vient la fin du morceau ou les chevaux sont lachés, les choeurs entonent le titre du morceau, la section rythmique cavale, puis ... STOP.

Tout est dit, le message est clair.

Ici s’achevent les 38 minutes du 09ème album de Muse.

38 minutes d’une intensité folle, d’une densité rare et d’une variété inouïe.

Du rock, de la pop, du classique, du prog, du métal, du moderne, du vintage actualisé, tout y est ! Ce disque est à l’image de ce que seul un groupe comme Muse peut proposer. Tout n’est certes pas parfait, avec parfois quelques “facilités” harmoniques ou structurelles (tout est relatif, j’aimerai créer des titres selon ces mêmes facilités) mais l’ensemble est parfaitement cohérant et d’une richesse absolue.

Muse nous a toujours habitué à des productions léchées, et ce disque ne déroge pas à la règle. Le moindre détail de production est au service de chacun des 10 morceaux. Tout y est pesé, calculé et judicieusement employé pour magnifier les compositions.

Les 3 musiciens sont parmi les meilleurs dans leurs domaines respectifs (mais nous n’avons pas eu besoin d’attendre cet album pour le savoir), aussi bien d’un point de vue technique qu’artistique, et là où Simulation Théorie faisait, à mon goût, un peu trop figure d’expérimentation, Will of The People s’inscrit comme une oeuvre principale dans la carrière du groupe et aiguise (mes) nos attentes quant à la direction créative qu’ils nous reservent pour la suite.

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